Depuis 7 ans, les élèves de CM2 de Saint-Éloi, près de Nevers (Nièvre) se familiarisent dès le début de l’année scolaire à la pratique du vélo. Cela permet d’utiliser celui-ci pour les sorties scolaires, explique leur enseignant et animateur Usep, Frédéric Cugnot, pionnier du Savoir Rouler à Vélo.
Frédéric Cugnot, quelle pratique du vélo avez-vous avec vos élèves ?
Nous commençons par une sensibilisation à la sécurité : la Prévention Routière vient encadrer une journée d’apprentissage, avec théorie le matin et mise en pratique l’après-midi. Puis nous apprenons aux enfants à rouler en groupe, ce qui permet ensuite d’utiliser le vélo pour nos sorties scolaires : rejoindre le départ d’une randonnée, assister à un spectacle à la Maison de la culture de Nevers, etc. Et c’est aussi à vélo que nous allons visiter le collège, dans le cadre de la liaison CM2-6e. En tout, cela représente une dizaine de sorties dans l’année.
Les enfants utilisent-ils leur propre vélo ?
Oui, ce qui offre l’avantage de les responsabiliser sur l’entretien. La plupart en possèdent un, et si ce n’est pas le cas, la solidarité joue : des familles en prêtent, ou les enseignants en récupèrent.
Et savent-ils tous faire du vélo ?
En 7 ans, et je n’ai rencontré que deux cas d’élèves ne sachant pas du tout en faire. Ils ont eu droit à un programme personnalisé : le vélo restait à l’école et, dès que l’occasion se présentait, à la récréation par exemple, on les mettait dessus, en accord avec les familles évidemment. Ils rattrapent ainsi très vite les autres.
Certains enfants viennent-ils à l’école à vélo ?
Oui, et nous l’encourageons. Nous voudrions seulement que les consignes de sécurité transmises en classe soient automatiquement transférées sur cet usage quotidien, et qu’ils n’oublient pas le casque. Avec certains, c’est la bagarre !
Allez-vous sur des rencontres sportives Usep à vélo ?
Dès que c’est possible, oui. Certaines rencontres intègrent d’ailleurs la pratique du vélo : run and bike, triathlon… Et puis il y a le P’tit Tour, qui dans la Nièvre se déroule tous les deux ans et voit jusqu’à 1 500 élèves rallier le circuit automobile de Magny-Cours.
C’est important, le P’tit Tour ?
C’est l’aboutissement de tout un apprentissage qui permet d’effectuer les 45 km de l’étape en totale sécurité. Et, les années sans P’tit Tour, notre voyage scolaire de fin d’année le remplace. Nous prenons le train jusqu’à Décize ou La Charité-sur-Loire, puis nous revenons à vélo le long du canal latéral à la Loire. Cela permet aux enfants d’expérimenter l’intermodalité train-vélo et de découvrir un itinéraire agréable, sur des pistes exemptes de toute circulation automobile.
Les parents sont-ils associés à votre démarche ?
Rien ne serait possible sans eux, puisqu’il faut 1 accompagnateur adulte pour 6 élèves. Chaque sortie mobilise 4 parents, qui tous ont bénéficié auparavant de la formation dispensée par les conseillers pédagogiques. Cette « contrainte » permet de les impliquer davantage dans la sortie du jour et, plus largement, de les associer à la vie de l’école. Ils sont aussi très sensibles au côté « deux-en-un » d’un déplacement à vélo : le temps de trajet n’est pas du temps perdu puisqu’il est mis à profit pour acquérir des compétences figurant au programme. Et les parents apprécient beaucoup les visites au collège, qu’ils découvrent en même temps que leur enfant.
Délivrez-vous aux enfants l’attestation du Savoir Rouler à Vélo ?
Jusqu’à présent, les compétences acquises sont simplement validées par le « permis cycliste » que nous leur remettons. Mais nous pourrions en effet leur délivrer l’attestation du Savoir Rouler à Vélo, puisque nous en remplissons les conditions.
L’apprentissage du vélo concerne-t-il d’autres classes de l’école ?
Depuis 4 ans, il concerne aussi les enfants de grande section de maternelle et les CP-CE1. Les exercices sont adaptés à leur âge, mais le principe reste le même : utilisation de son vélo personnel et appui des parents pour l’encadrement.
À quelles conditions votre initiative peut-elle reproduite ailleurs ?
Pour utiliser le vélo lors de sorties culturelles, il faut être situé à proximité d’une ville. Sinon, les sorties ont seulement pour but la pratique cycliste, ce qui forcément en réduit leur fréquence. En ce qui nous concerne, nous exploitons tout ce qui est à proximité de l’école. Et, financièrement, nous économisons à chaque fois 150 € de location de bus, pour un même temps de trajet !