Depuis qu’ils participent au P’tit Tour, les CM1 et CM2 de Luray, près de Dreux (Eure-et-Loir), ont pris l’habitude de se rendre à vélo sur les rencontres Usep de secteur. Et nombre d’entre eux utilisent aussi leur bicyclette pour se rendre à l’école, explique Aurélien Clouet, enseignant et délégué départemental Usep.
Aurélien Clouet, combien de fois dans l’année votre classe se déplace-t-elle à vélo pour participer à des rencontres de secteur ?
Les deux classes de cycle 3 de notre école et celle de nos voisins de Marville, dont 5 km nous séparent, partagent 4 à 5 rencontres sur lesquelles nous nous déplaçons les uns et les autres soit à pied, soit à vélo. En début d’année, c’est généralement à pied, avec retour en car ; puis à vélo lorsque les enfants ont débuté la préparation du P’tit Tour et que suffisamment de parents possèdent l’agrément pour les encadrer sur la route.
C’est donc lié à la participation au P’tit Tour ?
Directement. Le P’tit Tour est pour nous un rendez-vous obligé et figure dans le projet d’école de nos deux établissements. Ce qui est déterminant, c’est que suffisamment de parents puissent nous accompagner. En cela, le P’tit Tour a été un détonateur. Et comme les enfants se débrouillaient bien, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas profiter du travail d’apprentissage réalisé avec eux ? Car, dans nos deux écoles, les enfants se préparent au P’tit Tour dès le cycle 2 et sont opérationnels dès le début du cycle 3 !
C’est aussi une réponse au coût des transports ?
Au départ, ce souci économique était présent. Mais, désormais, c’est tout autant par conviction. En fait, les deux préoccupations se rejoignent. Nous participons par exemple en juin à une rencontre à laquelle, faute de moyens, nos camarades de Marville n’auraient pas pu se rendre autrement qu’à vélo. Et nous qui aurions pu bénéficier d’un bus, nous estimons que cela fait sens d’y aller à vélo. Surtout pour une rencontre sur le thème de l’écocitoyenneté !
D’autres écoles vous imitent-elles en Eure-et-Loir ?
Oui, deux associations Usep dans le sud du département. En vertu de mon double statut d’enseignant et de délégué départemental à mi-temps, j’encourage les autres à faire de même. Mais beaucoup de collègues hésitent à passer de la participation au P’tit Tour à un usage régulier du vélo pour se rendre sur les rencontres. Probablement par peur de circuler sur route et par manque de parents pour encadrer.
Et qu’en pensent les parents de votre école ?
Au début, ils étaient sceptiques à l’égard des déplacements doux en général. Le jour où j’ai annoncé que la classe allait se déplacer à pied sur une rencontre, ils ont ouvert des yeux ronds ! Comme à l’époque, avant de devenir délégué Usep, j’étais directeur de l’école, ils m’ont fait confiance. Désormais, cela leur semble normal, et des parents qui n’ont pas d’enfants dans la classe se proposent aussi comme accompagnateurs.
Et les enfants ?
La première fois, pour une rencontre Anim’Cross, ils craignaient d’arriver déjà fatigués. Je leur ai dit : « Le vélo, on ne le fait pas en performance, on pédale tranquillement, considérez cela comme un échauffement. » Depuis, c’est entré dans les habitudes. Mieux, ils sont ravis. Dans notre environnement à la fois rural et périurbain, les enfants ne font plus de vélo avec leurs parents. Et c’est encore plus vrai à Marville, en campagne. Ils ont plaisir à se redéplacer à vélo.
Et ils viennent aussi à l’école à bicyclette ?
De plus en plus, en tout cas pour ce qui concerne les enfants de Luray. C’est vrai à partir de mars pour les CM1, et toute l’année pour les CM2. En revanche, il reste une marge de progression concernant le comportement routier en dehors de l’école : tous n’ont pas toujours le réflexe du casque, et certains prennent quelques libertés avec les règles de sécurité qu’on leur inculque.